Pire/ Un virtuose de la cordonnerie emporté par le COVID-19, son épouse entame le veuvage dans son lieu de mise en quarantaine

Aliou Diouf âgé de 60 ans, polygame à deux épouses et habitant Pire, dans le département de Tivaouane a été emporté par la maladie du coronavirus ce vendredi à 6 heures 50 minutes à l’hôpital Principal de Dakar où il était pris en charge depuis dimanche dernier. Avec ce décès, le COVID-19 vient d’emporter un virtuose de la cordonnerie. En effet, il s’était d’abord installé à Pire où il exerçait son métier de cordonnier de rue.

Après avoir acquis une bonne renommée, il a migré vers Dakar la capitale, où il s’est installé chez l’un de ses frères à Yoff, laissant à Pire sa famille et ses deux épouses. Sa famille résidant au quartier Firdawsi, derrière la voie ferrée, vit un drame avec ce douloureux évènement, pour la simple raison que le décès du père est intervenu au moment où la maison était pratiquement fermée, la famille étant mise en quarantaine dans un hôtel de la place, hormis sa seconde épouse qui ne vivait pas dans la maison conjugale. C’est dire que c’est dans son lieu de mise en quarantaine que son épouse N. Thiam est obligée d’entamer son veuvage.

C’est donc dans ces conditions qu’est intervenu son rappel à Dieu et c’est hier qu’il a été inhumé à Touba, dans la stricte intimité familiale, en présence de son fils aîné M Diouf un tailleur très connu au marché des HLM Dakar. Aliou Diouf a chopé le virus à Dakar où il a d’abord été pris en charge dans un centre de traitement. A sa sortie de l’hôpital et malgré l’état d’urgence et les difficultés de voyager vers les autres régions, il s’est décarcassé pour rejoindre Pire le samedi 9 mai dernier, afin d’y passer sa convalescence. Mais malheureusement, il a rechuté le même jour. C’est ainsi qu’il a été conduit au poste de santé de Pire où l’Infirmier Chef de Poste (ICP) a vite détecté les signes du COVID-19, avec surtout des difficultés à respirer correctement.

C’est ainsi qu’il a aussitôt saisi son Médecin-Chef de District, qui a à son tour ordonné l’évacuation du malade à Tivaouane où des prélèvements ont été effectués. Les tests sont revenus positifs au coronavirus et Aliou Diouf a été transféré à Dakar, précisément au centre de traitement de l’hôpital Principal où il n’a pu malheureusement résisté à cette rechute. Mais selon des sources concordantes proches de sa famille, le défunt également souffrait de maladies chroniques, qui ont certainement précipité le cours des évènements. La cérémonie religieuse est prévue ce dimanche à Thiaroye, en attendant que sa famille de Pire puisse sortir de la quarantaine

LE COMITE DE RIPOSTE DE PIRE EN ALERTE

Avec cette nouvelle liée à ce décès d’un fils du terroir, même s’il s’agit d’un cas importé, le comité local de riposte contre le COVID-19 à Pire est en alerte, pour faire face à toutes les éventualités. En effet, plusieurs contacts de la défunte sont toujours mis en quarantaine dans des hôtels de la place, mais pour le moment aucun n’a contracté la maladie, même s’il est vrai que la période d’incubation n’est pas encore achevée. La commune de Pire n’a pas attendu ce cas pour sonner l’alerte dans son périmètre de compétence. En effet le comité de riposte a été installé dès le 30 mars 2020 et il s’en est suivi la mise en place de 5 commissions, dont la commission technique composée de tous les acteurs de la santé au niveau communal.

C’est d’ailleurs ladite commission qui a sillonné l’ensemble des 60 villages, dans une démarche de lutte contre la pandémie, basée sur la prévention et la sensibilisation. Doté d’une enveloppe de 3 millions de Fcfa par la commune, le comité de riposte a mis à la disposition de tous les villages, de tous lieux de rassemblements, de kits de lavage des mains et de tout le matériel d’hygiène requis.

Il s’y ajoute des opérations des infections menées par les éléments du service d’hygiène avec comme cibles les places publiques, les marchés, les structures de santé, les carrefours, etc. Il s’agit d’un comité inclusif piloté par le Premier Adjoint au Maire et comprenant les leaders d’opinion, les Imams, les partis politiques représentés à Pire et qui ont d’ailleurs participé financièrement. Au-delà de ces mesures préventives, la commune de Pire a cassé sa tirelire en décaissant une enveloppe de 12 millions de Fcfa, qui a servi à l’achat de riz auprès des commerçants locaux, dans le cadre des efforts de résiliences des impacts socio-économiques.
Mbaye SAMB (L’AS)