Et revoilà Robert ! La panique d’un pion de la Françafrique face au réveil sénégalais …(Lamine Aysa Ndiaye)
« Les oppresseurs ne craignent jamais tant la violence que l’éveil des consciences. »
(Thomas Sankara)
Il a été de toutes les réceptions officielles, de tous les présidents français, de tous les jeux
d’influence où le destin des peuples africains se décide sans eux. Aujourd’hui, ce triple
national, figure emblématique d’un système néocolonial en déclin, ose alerter le président
Bassirou Diomaye Diakhar Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko sur un prétendu «
risque de chaos » au Sénégal. Mais que vaut l’inquiétude d’un homme qui fut si longtemps le
confident des puissants et le complice du pillage organisé de notre pays ? Cette tribune prend
à rebours ses propos : non, ce n’est pas le Sénégal qui sombre, c’est la Françafrique qui
s’effondre. Et ses pions s’agitent, non par patriotisme, mais par peur de perdre leurs
privilèges.
Il se présente comme un « ami de la France » et un « ami du Sénégal ». En réalité, il est l’ami
d’un système : celui de la Françafrique. Un système qui a écrasé les peuples africains sous les
contrats léonins, les réseaux d’influence opaques, les coups tordus diplomatiques, les hold-up
miniers et les alliances de salon. Aujourd’hui, cet homme, triple national (Libanais, Français
et Sénégalais), dernier rempart trinational du néocolonialisme, s’inquiète soudainement pour
le Sénégal. À travers une lettre ouverte adressée au président Diomaye Faye et au Premier
ministre Ousmane Sonko, il tente de se poser en sage, alors qu’il fut longtemps complice de
toutes les compromissions.
Nous ne sommes pas assez jeunes, hélas, pour comprendre qu’à travers cette prise de parole,
c’est un pion historique de la Françafrique qui panique. Nous ne sommes plus en juillet 2011,
il vilipendait le fils du Président Abdoulaye Wade sur les ondes de la RFM, disant qu’il lui
aurait demandé de faire intervenir l’armée française lors des émeutes qui ont secoué Dakar la
nuit du 27 juin. Ce fut après son divorce avec les Wade. Il déclarait dans l’une des pages du
magazine J.A. que Karim Wade l’avait appelé, à cette même occasion, pour qu’il demande au
Président Français de faire intervenir les soldats français lors des émeutes de cette nuit de fin
juin 2011. Plus grave encore durant cette période, il accusait le président Abdoulaye Wade et
son fils d’avoir contribué au financement occulte de la campagne de Jacques Chirac en 2002.
Toutefois, il avait dû vite fait de se dédire. Nous avons encore en mémoire le titrait
provocateur de J.A. sur cette affaire : « Financements occultes : Bourgi fait du rétropédalage
sur le cas Wade ».
Celui qui s’alarme aujourd’hui d’une justice « trop partisane » est le même qui se taisait
quand les opposants étaient emprisonnés sans jugement, quand les jeunes étaient assassinés
dans les rues, quand les libertés étaient piétinées au nom d’un ordre pro-français. Il a profité,
conseillé, influencé. Il a toujours su flatter les présidents français, quel que soit leur bord, pour
garantir l’accès de ses cercles aux ressources du continent. Sa parole n’est donc ni neutre, ni
désintéressée : elle est celle d’un homme dont l’écosystème est en train de s’effondrer.
Ce n’est pas une blague, Robert a vraiment peur. Une peur panique. Mais, pour nous, cette
peur n’est qu’un aveu d’une ère qui s’éteint.
Sa peur du chaos n’est pas celle d’un patriote. Elle est celle d’un système qui perd pied. Ce
n’est pas le chaos qu’il redoute, c’est l’ordre nouveau qui émerge. Un ordre où les contrats
seront renégociés, où les juges ne trembleront plus devant les puissants, où les générations
sacrifiées parleront d’égal à égal avec ceux qui les ont longtemps exploitées. En vérité, sa
lettre ouverte adressée au Président Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane
Sonko est un cri de désespoir : celui d’un vampire qu’on prive enfin de sang. C’est donc
légitime que le vieux Robert enfile son masque humaniste pour protéger ses alliés du passé.
Derrière ses appels à l’apaisement, il s’agit en réalité d’un sauvetage masqué. Il vole au
secours des anciens maîtres, de ceux qui ont pillé l’État, falsifié la vérité sur tout, marchandé
la souveraineté nationale. Il veut stopper une dynamique populaire parce qu’elle menace ses
amis, ses réseaux, ses intérêts. Il s’alarme de la soif de justice du peuple sénégalais, parce
qu’elle annonce la fin de l’impunité. Il parle de patience, parce qu’il rêve d’un sursis pour les
fossoyeurs de la République. Il est le seul à ignorer que désormais, on ne vampirise plus le
peuple sénégalais impunément.
A vrai dire, notre pays le Sénégal ne bascule pas dans le chaos. Il s’arrache au joug. Ce pays
est debout, lucide, exigeant. Il sait désormais que la souveraineté a un prix : celui du courage,
de la clarté, et de la rupture. Et ce qui effraie les agents de la Françafrique, c’est que ce
processus est irréversible.
Ce n’est pas le chaos que nous traversons, c’est la fin d’un mensonge.
Pour ne pas conclure comme disait Kaba…
Il faut qu’il se le tienne pour dit, le vrai chaos, c’est le silence des peuples. Mais surtout qu’il
se rassure : le Sénégal ne sombre pas. Il s’éveille. Ce ne sont ni la justice, ni le peuple, ni le
pouvoir actuel qui menacent la stabilité du pays, ce sont les fossoyeurs de l’ombre, les
profiteurs de l’ancien régime, et les agents du statu quo. Ce sont eux qui, pendant des
décennies, ont cultivé la dépendance, légitimé l’injustice, et fait du pays une vitrine docile de
la Françafrique.
Le 24 mars 2024, le Sénégal a fait un choix historique : celui de se tenir debout, d’interroger
ses plaies, de reprendre la maîtrise de son destin. Et cela dérange. Car un peuple qui pense,
qui juge, qui agit… fait trembler tous les empires. Que ceux qui ont bâti leur confort sur notre
silence s’apprêtent à vaciller. Car la génération de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko
ne quémande plus la réforme, elle la construit. Elle ne se contente plus de survivre, elle aspire
à exister, libre, digne, souveraine. Le chaos véritable, ce serait de revenir en arrière.
Cher Robert , l’avenir, c’est la rupture. Et nous n’en dévierons pas.