Radiocopie du magistère du Président Macky Sall par Ousseynou Kéita
ERRARE UMANUM EST
Le sentiment était mitigé au départ à l’élection de Macky Sall à la tête du pays. A raison ou à tort ? À l’évidence plus à tort qu’à raison. Je faisais partie de ceux nombreux qui avaient douté avec quelque empressement sans doute de ses capacités à conduire après Senghor Diouf et Wade ces mastodontes de la politique, lui le benjamin tout frêle, les destinées d’un pays aussi complexe que le Sénégal.
Mea culpa mea maxima culpa.
La crise imprévisible provoquée dans la coalition BSS et différemment appréciée avait sans doute été en partie le déclencheur de son ascension fulgurante inattendue .
Macky a certes bénéficié d’un concours de circonstances favorables mais il a surtout eu le flair le courage et l’intelligence de forcer le destin. Souvenez-vous pendant que les candidats à la présidentielle s’agglutinaient à la place de l’indépendance dans un méli mélo affligeant comme dans un défilé de mode archaïque, lui parcourait déjà dans un style nouveau, la campagne au contact des électeurs.
Au sujet de l’effritement de BSS l’on peut dire pour en avoir été témoin et surtout après en avoir débattu avec l’un des principaux intéressés Ousmane Tanor Dieng en l’occurrence que l’assoupissement ou l’éclatement si l’on préfère de la dite coalition n’était pas fortuit. Loin s’en faut.
Cela n’émanait pas non plus du hasard ou même de l’intransigeance de Tanor cherchant à s’imposer vaille que vaille comme on a voulu le faire croire. Cet incident majeur qui a changé le cours de l’histoire résultait bien plutôt d’une stratégie savamment orchestrée par les revanchards de la gauche traditionnelle qui voyaient dans le rapprochement Niass Tanor le spectre terrifiant et dangereux du retour gagnant d’un Parti socialiste constellé et consolidé, mais non consumé comme elle le souhaitait secrètement et ardemment, après seulement une poussière de temps passé dans l’opposition .
A l’opposé les partisans de Tanor qui entretenaient de manière obsessionnelle une haine viscérale et réciproque contre Moustapha Niass le faiseur de roi et les siens , à qui on n’avait pas pardonné d’avoir indirectement contribué à culbuter le grand Parti socialiste au profit de l’adversaire emblématique et endémique de toujours, maître Ablaye Wade, le pire des blasphèmes ! Sans le savoir en agissant ces derniers venaient d’anéantir les ambitions présidentielles de leur protégé, le fils de Ngueniene.
À cela s’ajoutaient les intrigues politiciennes pernicieusement distillées par ces professionnels de la gauche radicale cachottiers à souhait aguerris et rompus comme jamais à la manœuvre ou à la tâche déterminée à tirer profit de la guéguerre des frères ennemis pour se frayer un chemin qui leur était resté jusqu’ici cadenassé hypothéquant leurs ambitions présidentielles congénitales surestimées , jamais atteintes .
Ils pensaient naïvement que le moment était enfin venu pour eux de se rapprocher du pouvoir à rebours de l’adversaire de toujours, cause de tous leurs maux , le Parti socialiste, qu’ils prenaient plaisir à neutraliser réalisant d’une pierre deux coups .
S’il était légitimement permis au départ de douter de la pertinence du choix porté sur Macky, à présent, et à l’heure du bilan, l’on ne saurait objectivement se soustraire de la réverbération des avancées et réalisations remarquables effectuées par notre pays sous son magistère et dans beaucoup de domaines.
Il faut sans conteste être atteint de berlue ou frappé de myopie politique pour se priver d’admirer et de contempler au contour des avenues auto ponts buildings infrastructures sportives routières, sociales et culturelles, du magnifique contraste lumineux réflectorisé sous le voile des progrès énormes très perceptibles effectués par Macky .
Les réalisations nombreuses et variées ainsi que de qualité dans plusieurs secteurs ont fini de convaincre les plus sceptiques de l’efficacité l’entregent et la compétence de l’homme . Il est même à mon sens fastidieux et éprouvant de vouloir procéder à une énumération interminable des réalisations tellement nombreuses, que l’exercice en devient inutilement accablant.
La diabolisation outrancière les apostrophes outrageantes les injures irrévérencieuses les voies de fait n’y font cure. Les intimidations provocatrices les interpellations intempestives les incarcérations abusives ne pourront jamais effacer pendant plusieurs décennies encore la marque indélébile du jeune technicien formé à bonne école encadré par des hommes d’état rompus à la tâche, et formaté sous le harnais d’un homme d’exception un politique chevronné un homme d’exception le président Ablaye Wade.
Il s’était auparavant illustré avec bonheur, sous l’autorité de ce dernier dans l’exercice de la rude tâche d’administrateur , occupant sans désemparer les fonctions de Directeur ministre premier ministre maire président de l’Assemblée nationale.
Ce parcours prestigieux et phénoménal lui aura facilité la tâche, imprégné qu’il fut avant l’heure, à la gestion des affaires publiques. Comme pour confirmer un adage bien de chez nous qui renseigne que l’on ne saurait rendre parfaitement , que ce que l’on a bien appris.
Sous d’autres cieux on dira, que ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. (Boileau) Ici comme là, d’ailleurs on le voit, la connaissance précède l’action.
Seul bémol ses malheureux choix politiques au terme du chemin, notamment la tentative de renvoie des élections sur la base d’une prétendue et fallacieuse corruption renversante de magistrats et sa volonté incongrue de vouloir changer le candidat qu’il avait lui-même choisi après de longues et difficiles concertations.
Ces choix unanimement jugés maladroits impopulaires incompréhensibles et irritants ont quelque peu assombri son bilan. Ils étaient en effet inacceptables pour beaucoup de gens, heurtaient les susceptibilités et alimentaient une suspicion générale parmi ses propres partisans.
Peut on cependant valablement et objectivement récuser un tel homme, au regard de son parcours si prodigieux et de ses réalisations si remarquables, des prétendants à diriger la maison de verre, pendant que l’Afrique et le monde entier l’adoubent , le plébiscitent et lui déroulent le tapis rouge. Bien sûr que non .
Et ce ne sont pas les vociférations de quelques droits de l’hommistes en mal de popularité qui changeront la donne, encore moins les balbutiements et tergiversations d’un pouvoir figé et frissonnant, qui chercherait en vain , sans convaincre le moins du monde, dans sa gestion de l’état , des faits supposés constitutifs de crime contre l’humanité, pour songer utopiquement à faire échec à une éventuelle candidature à l’ONU comme d’ailleurs à une probable et indispensable candidature à la prochaine présidentielle.
Macky reste cependant, et encore, de toute évidence, plus utile au Sénégal qu’à l’ONU. Et s’il devait choisir entre les deux je préfèrerais qu’il choisisse le Sénégal. Il ne lui resterait alors que de définir, bénéficiant à coup sûr de la faveur des pronostics, à l’aune de la grande déception ambiante, une stratégie simple mais efficace toute l’opposition faisant bloc, pour inverser sans coup férir la tendance et reprendre allègrement du service en vue de remettre le Senegal dans la voie de l’émergence.
Ousseynou Kéita