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Hommage à l’artiste Ababacar Sadikh Bâ (Par Ibrahima BA, Docteur d’Etat ès lettres)

L’artiste  tire sa dernière révérence

Le monde de la culture et des arts de Thiès perd une icône : Ababacar Sadikh BA. Alors qu’il était au summum de son art car  acteur principal dans beaucoup de  réalisations théâtrales et cinématographiques parmi lesquelles  Chaka  de Léopold Sédar SENGHOR, Le fils de l’Almamy de Cheik Aliou NDAO avec la troupe d’ATL’ART, le film Mme Brouette de Moussa SENE Absa, le court métrage  d’Adja Maï NIANG, Mon fils était un écrivain et dans bien d’autres créations,  le voilà brusquement alité, rongé lentement, depuis trois ans, par  une maladie mystérieuse,  contre laquelle il lutta avec courage mais  qui finira par l’emporter ce mercredi 17 juillet 2019, à l’âge de 57 ans.

Cet éducateur hors pair, instituteur de métier,  fut très tôt mordu par les arts, devenu son violon d’Ingres. Il y  montra des dispositions particulières qui l’inclinèrent  à participer à bien des modules pour parfaire sa formation. Au bout du compte, il excelle si bien dans l’interprétation théâtrale que ses prestations ne laissaient  personne indifférent. A travers un  plastique élégant, par la qualité frappante du  jeu scénique,  par la puissance de son  verbe, autant que par sa diction admirable, il émerveillait son monde. Aujourd’hui,  si Thiès est devenu un vivier incontournable  de  l’art théâtral, Ababacar Sadikh BA y a joué un rôle considérable puisqu’il a contribué à la formation de beaucoup de comédiens, devenus célébrités nationales et à la naissance d’un  bon nombre de  troupes dramatiques dans la capitale du rail.

 Généreux dans l’effort, il s’investissait pleinement dans tout ce qu’il entreprenait.  Professeur de Lettres modernes, au lycée Malick Sy, et chargé d’encadrer l’Atelier de théâtre « Repères » de l’école,  je dus recourir aux services de  Sadikh qui  m’apporta  une aide inestimable car  il s’évertuait,  bénévolement,   avec ardeur et amour,  à initier  les jeunes lycéens, « comédiens en herbe » aux techniques si exigeantes de l’art dramatique. La conjugaison de nos efforts et la passion que nous avions pour le quatrième art,  nous permirent de former des promotions d’élèves brillants,  de monter des spectacles d’envergure exceptionnelle, agrémentés de récitals de poésie,  soutenus par les notes de guitare savoureuses du doigté musicien  et professeur de lettres modernes Ibrahima MBAYE. L’Atelier  remporta  à maintes reprises « le griot », prix  mis en jeu par le Centre culturel français pour récompenser les meilleures troupes  de théâtre des établissements secondaires,  à travers un concours national très sélectif.

Sadikh constituait,  avec mon oncle et ami Thierno Bocar Kane, enseignant et comédien professionnel, un duo de choc qui électrisait  les foules à chacune  de leurs différentes représentations. Lors de la soutenance de ma thèse de Doctorat  de 3ème cycle puis  de ma thèse d’Etat ès lettres, option  théâtre, à  l’Université Cheikh Anta Diop,  ce « binôme » talentueux, donna une petite illustration du genre dramatique,  qui séduisit  visiblement les membres du jury et déclencha  l’applaudissement spontané  d’un public ravi.

Cœur noble et âme généreuse, engagé pour le progrès et le devenir de son peuple, Sadikh BA  était,  dans sa ville natale,  sur tous les fronts du combat culturel et artistique. Voilà l’homme que le Sénégal et Thiès viennent de perdre. Adieu l’Artiste, le pédagogue ! Puisse ALLAH t’accueillir en son paradis et  te payer au centuple tout le service rendu à tes contemporains.

 Ibrahima BA, Docteur d’Etat ès lettres, Maître de Conférences (Cames)  en lettres modernes, Professeur Assimilé option Littérature dramatique,  à l’Université Iba Der Thiam  de Thiès

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