Législatives 2022. Campagne et Pluie, une cohabitation bien forcée, des discours à ne rien comprendre. (Par Cheikh Fall).

La pluie s’est enfin invitée à la campagne électorale pour les législatives de 2022.

Des pluies sont tombées un peu partout à travers le pays, à la satisfaction des paysans, qui commençaient à s’inquiéter. Ils avaient besoin de ces pluies, car la longue pose était devenue pesante. Aujourd’hui les kayaks sont recouverts, kor dior et consorts ont dû reprendre le chemin des champs, laissant au quai candidats et non candidats qui, malgré cette cohabitation forcée, continuent de sillonner l’intérieur du pays pour convaincre l’électorat sénégalais. Rien à dire, ils sont dans leur rôle.

Par contre là où il y a problème, c’est dans le contenu des débats, des déclarations et autres propos. Chacun y va de son interprétation, de sa forte conviction, voire même de sa propre évaluation, pour que le jour J, dans le secret de l’isoloir, il puisse choisir. Ici il est question de choisir le candidat qu’il juge beaucoup plus pertinent dans ses propos et dans sa compréhension du rôle de député. Toute la question est là, car à écouter les uns et les autres, candidats comme non candidats, on se demande de quelle élection il s’agit réellement.

Analysez les propos de campagne et vous vous rendrez compte que le peuple sénégalais n’aura pas la facilité de choix. Si on essaye de comprendre que le rôle du député, qui est entre autres : de contrôler l’action du gouvernement, de voter des lois, de faire des propositions de lois, de parler et de toujours parler durant son mandat des problèmes des populations qui l’ont élu, on a du mal à comprendre certains propos. Quand on entend des promesses du genre, nous allons électrifier telles ou telles localités, nous allons bitumer …. Nous allons réduire les coûts de la vie etc… on vire au charme et à la tentation. Alors que ces grosses promesses relèvent de l’exécutif, incarné par le Président de la République.

On a comme l’impression que nous sommes dans une campagne à l’élection présidentielle. Ce mélange du genre est-il fait délibérément ou s’agit-il d’une stratégie de communication ou encore d’un test grandeur nature, aux allures de primaires, pour l’horizon 2024. En analysant ces propos, on peut l’affirmer. Ce qui installera notre cher Sénégal dans une permanente et infernale campagne électorale. Voilà qui embrouille et qui rend le choix biaisé. Mais connaissant la maturité du peuple sénégalais, il saura faire la part des choses.

Pour le moment et en attendant le jour du scrutin, la campagne bat son plein imposée par une cohabitation pas comme les autres. Celle de la pluie est bien dans son cycle et dans sa période. N’en déplaise, elle n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Et puis contrairement à nous autres mortels, la pluie tombe sans avertir et où elle en a envie. Sa force de frappe fait annuler tout. Fait chambouler tout.  Kor Dior et Ibra Kheury sont deux célèbres paysans qui ne partagent pas l’avis de ceux qui parlent de désagréments, ou de contraintes causés par la pluie. Plutôt ils implorent le bon Dieu d’avoir ouvert les vannes du ciel si opportunément, car ça commençait à piquer du piment chez les producteurs. Pour dire tout simplement que les acteurs du landerneau politiques sont bien obligés de cohabiter avec la pluie, car ils ne prendront jamais le risque de tout annuler. De peur de lourdes sanctions le jour du vote. Et pourtant rien ne s’opposait à ce que ces élections de futurs députés soient reportées juste après l’hivernage. Le jour du scrutin, c’est-à-dire le 31 Juillet 2022, qui ose prier pour que cette cohabitation ne soit pas plus féroce qu’elle l’est déjà.

En tout cas pas moi. Si la pluie impose sa force de frappe à la cohabitation qu’elle finit de mettre à terre, je n’en suis pas sûr de cette même force entre l’assemblée nationale (pouvoir législatif) et le Président de la République (pouvoir exécutif) car chacun ayant son rôle bien défini. Candidats et non candidats, continuez à patauger sous l’emprise de la pluie, mais au moins orientez vos propos sur le vrai rôle du député. Cela renforcera notre conviction de voter.

Cheikh Fall.