Présidentielle/ Entre confiance, espoir et détermination le peuple a choisi. (Par Cheikh Fall journaliste, ancien chef de département à la RTS).

Tous au travail!

En 2000, quand le peuple sénégalais avait décidé, en toute souveraineté, de mettre fin, à quarante ans de règne socialiste (Senghor et Abdou Diouf), c’était la déferlante. L’apothéose qui avait accueilli l’avènement de Maître Abdoulaye Wade au pouvoir, était sans commune mesure.

C’était la première alternance, que nous considérions comme une confiance aux allures de test grandeur nature. Au bout de douze ans d’exercice à la tête de l’état et à la surprise générale, le peuple revient à la charge, et signe la fin de la première alternance au pouvoir. Il a ses raisons. Mais ce qu’on retient, c’était une fin de règne mouvementée, avec son lot de contestations, de lamentations et manifestations, qui avaient fini de nous mettre dans une chaudière.

La confiance s’était évaporée. En 2012, nous avons été tous réveillé par le clairon. D’une voix claironnante, le peuple souverain choisit Macky Sall, âgé d’un peu plus de 50 ans, comme quatrième Président de la République du Sénégal. C’était la deuxième alternance? celle de l’espoir. La même déferlante a installé le président Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal. Après douze ans de pouvoir, il n’a pas pu résister au besoin de changement du peuple.

L’espoir suscité par la deuxième alternance a viré au cauchemar. Le chômage devient récurent, le mal vivre s’accumulait, enfin la cherté de la vie s’en mêle, en secouant toutes familles. Ce peuple dévasté, a tout tenté pour se faire entendre. Mais rien. Et pourtant c’est lui qui délègue. Quel paradoxe. Je ne reviendrais pas sur les turbulences, qui ont jalonné le chemin de la troisième alternance. Je ne veux pas remuer la plaie des blessures et autres douleurs vécues, sur le chemin tortueux de ce fabuleux 24 mars 2024. Nous retenons tout simplement, que l’espoir tant rêvé n’a pas finalement éberlué le peuple. C’est ainsi que pour la troisième alternance, nous pensons que le peuple sénégalais a choisi la détermination.

Le peuple qui a voté dans le calme, la sérénité,  ne badine plus avec nos dirigeants. Le message que nous décryptons de son vote massif, traduit sa détermination à ne plus laisser libre voie à une minorité de politiciens nous gouverner sans partage, ni souplesse. Ainsi dit ainsi fait. Après des années et plusieurs mois d’intenses disputes et de discussions autour du processus électoral, un seul jour, celui du dimanche 24 Mars 2024, a pris le dessus sur les décrets de l’exécutif, sur les votes du législatif et enfin sur les décisions du judiciaire.

Ce jour du 24 mars 2024 a sifflé la fin, vraiment la fin de la récréation de toutes ces tergiversations, qui ont failli faire disparaître le Sénégal de la géopolitique et de la sociologie. C’est donc le terminus de ce long marathon électoral, qui a fait trembler le Sénégal jusqu’à écorcher à un certain moment, son image et son prestige. Mais derrière tout ce bourdonnement, se trouvait un peuple parfois excité, mais surtout déterminé à jouer pleinement son rôle d’arbitre. Il est le seul et unique maître du jeu et de sa destinée. Il détient le pouvoir, qu’il délègue à qui il veut. Le retire quand il le jugera nécessaire. Le peuple cherche toujours la voie qui lui semble la mieux indiquée, pour son avenir. Il peut se tromper de personne et de programme. Mais il reste au-dessus de tous ces pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) et il était temps qu’il siffle vraiment la fin de la récréation.

Le pouvoir exécutif ne lui a pas laisser le choix, malgré les nombreuses marches et contestations. Ce qui lui restait, ce sont les urnes qui constituent sa seule arme légale. Il peut se jouir de cette arme sans coup férir. Et il n’a pas besoin d’autorisation. C’est sa souveraineté. La voie des urnes s’est donc ouverte et le peuple s’y est engouffré, avec la plus belle manière. Le vote qui s’imposait, a été effectué avec clarté et détermination. L’acte civique et légitime pour le représenter au sein des différents pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), a été bien accompli.

Le peuple va maintenant faire valoir sa détermination. Son engagement qui a   accompagné sa détermination à confier les rênes du Sénégal à l’autorité qui lui convient, est sans commune mesure. Pour tout dire, le peuple souverain a choisi le changement et non la continuité, la jeunesse et non la vieille garde, enfin la détermination et non la routine. Confiance, espoir ou détermination, peu importe les slogans ou autres appellations, ce qui doit préoccuper c’est de se mettre tout de suite au travail. Travailler pour rattraper le temps perdu. Le retard causé par les différentes péripéties du processus électoral. Le chemin rocailleux emprunté par ce processus nous a causés beaucoup de tort. De gros dégâts qu’il faut réparer au plus vite.

Les nouvelles autorités qui viennent d’être portées en triomphe par ce peuple mature, sont sous haute surveillance. Elles vont certes bénéficier d’un court temps de grâce. Rien de plus. Plus heureuses qu’un lion affamé. Le roi de la forêt n’attend jamais, quand il s’agit de broyer sa proie. Mais ici, on a juste besoin de laisser passer les moments de clameur de la victoire. Une belle victoire qui est cependant une lourde pesanteur. Elle pèsera sur la conscience du nouveau Président de la République du Sénégal. Parce qu’il aura mesuré le poids de cette nouvelle charge présidentielle.

Le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est âge de 44 ans. Il est inspecteur des impôts et domaines. Il est élu dans un contexte difficile marqué par le désœuvrement, l’absence de revenus, la cherté de la vie qui a fini d’empoigner le pouvoir d’achat des sénégalais, entre autres préoccupations. C’est au nouveau Président de s’attaquer à ces maux, en maîtrisant l’inflation, en trouvant les voies et moyens pour baisser les prix des denrées de premières nécessités, prix du péage, prix du carburant (j’aurais de nombreux adhérents sur ce point). Bref tout est urgent. Mais le premier sourire sera affiché dès l’annonce de mesures de baisse de ces prix, qui constituent un véritable casse-tête. C’est bon de combattre le chômage et de trouver des moyens d’insertion, mais c’est encore mieux, si tous ces efforts seront ressentis par les populations.

Et comme disait le plus grand syndicaliste sénégalais de tous les temps Mamadou Diop Castro. Dès qu’on parle d’augmentation de salaires, je regarde mon net à payer avant de jubiler disait-il. Valable pour le pouvoir d’achat qui se mesure par l’inflation. On le voit, le nouvel homme fort du Sénégal, issu des urnes du 24 mars 2024, est attendu sur les chantiers du soir, s’il a bien lu et interprété le message du peuple.

Le Président Bassirou Diomaye Faye n’a assurément pas d’autre choix, que de se mettre tout de suite au travail. Travailler pour relever les nombreux défis qui assaillent notre vécu au quotidien. L’émergence de jeunes dirigeants apportera-t-elle des solutions aux nombreux problèmes de l’heure. En tout cas, ce phénomène est en train de couvrir le continent africain, avec des fortunes diverses.

En République de Sierra Leone, Valenine Strasser avait 25 ans lorsqu’il prenait le pouvoir par un coup état. C’était 1992 coïncidant avec la tenue de la phase finale de la coupe d’Afrique des nations (Can) au Sénégal. Il était capitaine au sein de l’armée. Le capitaine Ibrahima Traoré a pris le pouvoir au Burkina Faso à l’âge de 36 ans. C’était le 30 septembre 2022 par un coup d’état. Monsieur Abiy Ahmet est devenu Président de l’Ethiopie en 2018 à l’âge de 46 ans. Faure Gnassingbé Eyadéma avait 56 ans quand il succédait à son défunt père en 2005. Plus proche du Sénégal en Gambie, Adama Barro est devenu troisième président à l’âge de 57 ans. La liste n’est pas exhaustive.

Cet échantillon de jeunes dirigeants de leurs pays, me permet de poser les questions suivantes : Leur émergence à la tête de leur pays  a-t-elle apporté des solutions aux nombreux problèmes de l’heure ? Qu’est-ce qu’elle a permis d’avoir comme acquis ? Comment interpréter et analyser ce phénomène, qui est en train de couvrir le continent africain ?

En tout cas, le phénomène est là, avec ses fortunes diverses. Le Sénégal entre dans ce cercle restreint de jeunes dirigeants, mais par la voie démocratique. Ce qui est sa force qui garantit sa stabilité. Maintenant, qu’est-ce qu’il faut retenir des concepts suivants : Gagner ensemble et gouverner ensemble ou alors gagner et gouverner en toute responsabilité ?

La question est posée.