L’annonce de la FSF d’augmenter drastiquement les tarifs de la billetterie pour le match Sénégal–Mauritanie a suscité une vive incompréhension chez de nombreux supporters. Passer d’un tarif de 1.000 à 3.000 F CFA pour la tribune rouge, de 3.000 à 10.000 F CFA pour la tribune jaune virage, et de 5.000 à 20.000 F CFA pour la tribune centrale, soit une hausse de plus de 200 à 300 %, relève d’une décision difficilement défendable dans le contexte socio-économique actuel du pays.
Certes, la FSF évoque la volonté de “couvrir les coûts logistiques” et “d’améliorer le confort du public”, mais ces arguments peinent à convaincre.
Le football sénégalais est d’abord un sport populaire, un espace d’unité nationale où toutes les couches sociales doivent pouvoir se retrouver. En multipliant les prix par trois, la Fédération risque de priver les supporters modestes, ceux-là mêmes qui ont toujours soutenu les Lions, de la possibilité d’assister à un match de leur équipe nationale.
Cette mesure crée une fracture sociale dans les gradins, réservant désormais l’accès au stade à une élite urbaine, au détriment des véritables passionnés issus des quartiers populaires.
L’argument de la sécurité avancé par la FSF semble davantage relever de la communication que d’une justification réaliste. La sécurité d’un match de football relève d’abord d’une bonne planification, de la gestion des flux et de la discipline aux alentours et à l’intérieur du stade, non du prix des billets.
Augmenter les tarifs ne garantit nullement la sécurité ; au contraire, cela pourrait favoriser la frustration, voire la tension, autour du stade, entre ceux qui peuvent payer et ceux qui en sont exclus.
La FSF affirme vouloir “soutenir le développement du football sénégalais” à travers cette hausse. Or, la réalité est que les recettes de billetterie représentent une part marginale des revenus du football national, comparée à ce que peuvent rapporter les droits TV, le sponsoring les partenariats et autres subventions.
Plutôt que de ponctionner les supporters, la Fédération gagnerait à :
- valoriser la marque “Lions de la Teranga” : développer un merchandising structuré (maillots, produits dérivés), géré de manière professionnelle et transparente;
- trouver des partenariats stratégiques avec des entreprises locales et internationales, sur le modèle des grandes fédérations africaines, pour financer les infrastructures sans dépendre exclusivement de l’État;
- Investir dans le football local : professionnaliser les clubs, former les dirigeants, rendre les championnats attractifs pour les sponsors et les médias;
- mettre en place un marketing territorial : faire du football un levier de promotion du Sénégal à travers le tourisme sportif, les stages de préparation et les compétitions internationales.
À quelques mois d’échéances cruciales pour les Lions, cette mesure ternit l’image d’une nouvelle fédération censée d’abord fédérer. Elle donne l’impression d’un manque de sens social et de proximité avec la base, alors même que la ferveur populaire constitue l’un des atouts majeurs de notre football.
En l’état, cette décision apparaît non seulement injuste, mais aussi contre-productive.
Professionnaliser la billetterie ne doit pas signifier exclure le peuple du stade.
Le football sénégalais, s’il veut continuer à rassembler, doit rester accessible à tous, et non devenir un luxe réservé à quelques-uns.
El Hadji Abdou WADE dit Mara.






