Reconstruction Hôpital Le Dantec Vente vs bail ( Par Dr Mor Diagne PASTEEF Khombole)

La vente partielle du terrain qui abrite l’hôpital Le Dantec est justifiée selon les autorités par le besoin de financer l’agrandissement de la structure sanitaire qui passerait ainsi de 400 à 650 lits sur 6 étages avec un plateau technique amélioré, entre autres, de 15 Salles opératoires aux normes internationales requises en la matière.

Le projet en lui-même est louable mais le mode de financement pose problème. Une vidéo d’explication circule dans les réseaux sociaux et le présente comme un mode de financement innovant comparable à un titulaire d’un grand terrain qui en vend la moitié pour construire le reste.

Le premier questionnement qui taraude l’esprit à ce niveau c’est qu’est-ce qu’il y’a d’innovant dans ce mode de financement empirique ?

Avec l’implication du FONSIS et du ministère de la santé on est en droit de s’attendre à une meilleure stratégie de la part des ingénieurs financiers pointus du fond souverain comme par exemple un bail emphytéotique hospitalier.

Ce type de PPP (partenariat public privé) réservé aux EPS (établissement publics de santé) est un instrument juridique qui permet justement à un hôpital de confier à un contractant unique des missions de conception, de financement, d’exploitation et de maintenance de bâtiments et d’équipements.

En claire ici l’opérateur privé (emphytéote) construit l’hôpital à ses frais et touche en contrepartie un loyer mensuel sur 20 à 30 ans correspondant au montant de son investissement avant de céder l’édifice au bout du contrat. (à peu près la même formule utilisée pour l’autoroute à péage)

Pour lui faciliter l’obtention de crédit auprès des banques l’hôpital transfère le droit réel du terrain à l’opérateur qui peut l’utiliser comme hypothèque ceci pendant toute la durée de l’accord. L’opérateur s’occupera ainsi de la construction, la maintenance et l’entretien de l’immeuble avec un cahier de charge préétabli. L’exploitation de certains services non médicaux peut même lui être attribuée. Un tel bail pourrait empêcher le bradage des 3 hectares.

En outre certaines incohérences méritent d’être notées

-Si tous les régimes qui se sont succédés s’étaient mis à vendre les réserves foncières des hôpitaux, universités et autres ouvrages publics il ne resterait aucun espace pour leurs expansions futures.

-Il est important de se questionner sur le fruit des ventes de l’aéroport LSS et du garage pompier avant d’envisager une nouvelle cession.

– la mauvaise planification dans le redéploiement du personnel et des malades liée à la précipitation et l’impréparation du déménagement est suspecte et consolide la thèse d’une volonté d’accéder très rapidement au terrain. 

-Enfin, ceci remet encore sur la table les priorités de l’Etat. S’il n’a rien vendu pour construire des infrastructures de confort et se voit obliger de vendre la réserve d’un hôpital pour financer sa rénovation c’est parce que : soit il a atteint le plafond de la dette soit la santé ne figure dans ses priorités d’investissement soit il y’a des intérêts inavoués. D’ailleurs la deuxième éventualité est très plausible vu le retard des équipements des hôpitaux déjà construits et leur mise en service effectif.

Dr Mor Diagne

PASTEF Khombole

Membre du mouvement des cadres patriotes