Vidéo/ Le lotissement de Mbour 4 suspendu provisoirement, QVS reste dans ses terres

L’affaire Mbour 4 extension de Thiès, qui déjà a laissé des images de traumatisme chez certains habitants de ce quartier, situé sur la route de Mbour à Thiès revient encore au devant de l’actualité. C’est consécutivement à la note de service rendue publique par la Direction Générale des Impôts et des Domaines et qui s’appuie sur « la recrudescence des litiges fonciers ».

C’est ainsi que ladite mesure vise à « établir une situation exhaustive du foncier dans ces zones dans lesquelles la paix sociale est menacée par des conflits en cours ou à venir ».

Au regard de cette situation, la note de service indique que toutes les attributions de parcelle sont provisoirement suspendues. Le chemin qui a abouti au décret n°2022-1441 portant déclassement de 484 ha de la forêt de Thiès a été long. Tout est parti du lotissement de 82 ha opéré en 2006 par la ville de Thiès. C’est parce que 67 de ces 82 ha, empiétaient dans la forêt classée de Thiès, ce qui devrait nécessiter un déclassement avant toute probable occupation. C’est justement ce déclassement qui a tardé à se réaliser, malgré la promesse ferme faite par le Chef de l’Etat en 2017 et pendant ce temps, le site continuait à être occupé.

Cependant, les occupants irréguliers ont vécu, pendant longtemps, sous la menace d’un déguerpissement. Et le 25 janvier 2021, les services déconcentrés de l’Etat sont même passés à l’acte, à travers une grande opération de démolition, sous la supervision de la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation des Sols (DSCOS). Cette opération a été suivie par de violentes manifestations et beaucoup d’arrentions, ce qui a finalement occasionné le déclic, qui a abouti au décret de déclassement. Ce déclassement se justifiait par une volonté de régularisation de la situation des occupants de Mbour 4 et d’harmonisation de l’urbanisation des zones polarisées.

C’est ainsi que les 484 ha visés par le Décret, sont répartis en 3 sites. Il s’agit du site de 135 ha, déjà occupé, à restructurer et à régulariser, celui de 176 ha réservé aux lotissements d’extension de Mbour 4 et le dernier site, réservé à l’extension de la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) d’une superficie de 173 ha.

Le lotissement devenu officiel, la distribution des parcelles est venue raviver les tensions. Plus d’un an après la remise symbolique de titres de propriété à 20 ayant-droits par le Président Macky Sall, des propriétaires de maisons démolies et autres occupants sont toujours dans l’attente. Ils se sont d’ailleurs retrouvés récemment autour d’un collectif dénommé « Mbour 4 Authentique », pour sonner la révolte. Et pour rentrer dans « leurs droits », ils avaient menacé de battre le pavé jusqu’à Dakar, pour que le tout nouveau locataire du Palais de la République puisse entendre leurs cris de désespoir.

LA NOUVELLE VILLE FREINEE DEVANT QVS

Le plan d’aménagement de la Nouvelle Ville de Thiès est aussi frappé par cette mesure de suspension. D’ailleurs dans une note en date du 26 avril 2024, la Division Régionale de l’Urbanisme, des Collectivités Territoriales et de l’Aménagement des Territoires a demandé l’arrêt des travaux du programme de 100.000 logements situé dans la commune de Diass.

Ainsi, la société Qualité Végétale Sénégal (QVS) peut pousser un ouf de soulagement, en attendant que des solutions soient apportées. QVS exploite depuis près de 5 ans, sur la base d’une convention signée avec l’Etat, marquée par un protocole d’exploitation sur une durée de 25 ans et qui date de 2019, une superficie de 110 hectares de terres agricoles.

Le site qui fait travailler plus d’un millier de jeunes et de femmes de la zone, est à cheval entre les villages de Kirène dans le département de Diass et Thiambokh dans la commune de Keur Moussa. Mais le projet a failli être mis en péril, par le lotissement dédié à la société nouvelle ville, qui réclamait une bonne partie du site sur la base d’un décret. Depuis, la tension est vive dans la zone, les populations locales ayant pris faits et causes, pour la survie de la ferme.

Mbaye SAMB