Discours de Cheikh Oumar Anne, coordonnateur du comité d’initiative de la Nouvelle Responsabilité, lors de la marche du FDR. Mesdames, Messieurs, chers compatriotes,
Il est des moments dans la vie d’une nation où la voix du peuple s’élève avec une telle intensité qu’elle surpasse celle des leaders qu’il a longtemps suivis, soutenus, parfois même vénérés. Cette voix, c’est celle du courage, de la vérité et de la dignité.
Lorsque le peuple s’exprime, aucune autorité digne de ce nom ne peut, ni ne doit, rester sourde à son appel. C’est ce cri du cœur, cet appel à la justice et à la reconnaissance, qui justifie ma présence parmi vous cet après-midi.
Je suis ici, non pas en conquérant, mais en frère solidaire, en témoin de votre souffrance, en porteur de votre parole.
Dix-huit mois après notre départ du gouvernement, le constat est douloureux, presque tragique. Le peuple sénégalais vit aujourd’hui dans l’amertume, la déception et l’angoisse. Les déguerpissements se multiplient sans alternative, des familles entières sont jetées dans la rue sans espoir ni accompagnement.
Nos jeunes, pleins d’énergie et d’intelligence, sont réduits à l’oisiveté et au désespoir. Les emplois se raréfient, les entreprises ferment, l’avenir semble bouché. La misère, quant à elle, ne connaît plus de frontières : elle frappe aussi bien dans les grandes villes que dans les villages reculés, dans les faubourgs de Dakar comme au fond du Fouta, du Baol, du Sine ou du Saloum.
Le peuple souffre. Il souffre parce qu’il ne peut plus se soigner convenablement. Il souffre parce qu’il ne peut plus se nourrir dignement. Il souffre parce qu’il est pressuré par des taxes injustes, accablé par la cherté de la vie, et abandonné par ceux qui lui avaient promis espoir et prospérité.
Cette souffrance, nous ne pouvons pas la taire. Nous ne devons pas l’ignorer. Car elle est le cri de tout un peuple qui réclame le respect, la justice et la dignité.
Face à cette détresse, notre responsabilité est immense. Nous devons maintenir et amplifier la mobilisation populaire. Nous devons la poursuivre, la renforcer, l’élargir, la délocaliser et la décentraliser pour qu’elle résonne dans toutes les régions du pays.
Chaque coin du Sénégal doit être touché par cette vague citoyenne qui exprime le refus du silence et la volonté du changement.
Mais cette mobilisation ne doit pas être une explosion de colère éphémère. Elle doit être une force disciplinée, consciente et pacifique, une flamme qui éclaire sans brûler, qui rassemble au lieu de diviser.
Car notre objectif n’est pas la confrontation, mais la construction d’un avenir plus juste et plus humain.
Le seul mot d’ordre qui vaille, aujourd’hui, c’est « mobilisation » et maintien de la mobilisation jusqu’à ce que le gouvernement entende enfin le peuple, prenne la pleine mesure de sa souffrance et engage des mesures sociales fortes pour soulager ses peines.
Il ne s’agit pas de demander l’impossible, mais de réclamer l’essentiel : le droit de vivre dignement, de travailler, de nourrir sa famille, d’éduquer ses enfants et de croire encore en demain.
Mes chers compatriotes,
Nous ne pouvons pas rester spectateurs du désespoir. Nous ne pouvons pas détourner le regard alors que la faim, la pauvreté et l’injustice progressent.
Nous devons être les artisans de notre propre salut, les bâtisseurs d’une société fondée sur la solidarité, l’équité et la vérité.
L’histoire nous enseigne que les peuples qui se lèvent pour défendre leur dignité finissent toujours par triompher. Restons donc debout, unis, vigilants et déterminés.
Refusons le découragement, refusons la peur, refusons la division. C’est dans la constance et la persévérance que naissent les grandes victoires.
Le Sénégal que nous voulons ne doit pas être un pays de résignation, mais un pays d’espérance.
Un pays où la jeunesse trouve sa place, où les anciens sont respectés, où la justice n’est pas un privilège mais un droit, et où la politique redevient un service, non un commerce.
Vive le peuple sénégalais !
Vive la justice sociale !
Et que vive notre espoir commun d’un Sénégal uni, plus juste, plus humain et plus solidaire !







