Deuxième vague du coronavirus, Thiès s’enlise dans la zone rouge, les populations entre déni et indifférence

Les 29 et 30 janvier derniers, la région de Thiès a comptabilisé 79 cas de contamination communautaire sur les 341 enregistrés sur l’ensemble du territoire national. Ce qui conforte sa position de second épicentre de la maladie. Et pourtant cette situation tarde à se traduire dans le comportement des populations, qui continuent de faire comme si de rien n’était. Si certaines sont dans une posture d’indifférence, d’autres surfent dans le déni, tout en continuant d’enterrer les morts emportées par la COVID-19. L’ex député Hélène Tine élève la voix et affirme que la situation est actuellement grave et très inquiétante et il est temps que tout le monde en prenne conscience, pour travailler afin que ceux qui sont dans le déni puissent être ramenés à la raison.

Elle martèle, « c’est surtout parce qu’on nous avait vendu une situation reluisante, disant que nous étions des champions en matière de lutte contre le coronavirus en se hissant à la seconde position mondiale. Et au lieu de maintenir les mesures qui avaient permis d’avoir ces résultats, nous avons baissé les bras ». De l’avis du député Hélène Tine, aujourd’hui, la lutte doit être l’affaire de chacun, qui doit se considérer individuellement comme un agent. L’impératif est aujourd’hui de respecter les recommandations des autorités sanitaires et éviter tous les regroupements. Pour elle à Thiès, chacun a perdu un parent, un ami, un proche ou un voisin.

Elle ajoute, « tout le monde doit en être conscient pour que nous puissions faire face. Je lance surtout un appel à mes sœurs, les femmes, pour que toutes les cérémonies familiales soient suspendues, comme indiqué d’ailleurs dans les mesures prises par le gouvernement. En tout cas personnellement, j’ai décidé depuis lors de ne plus aller dans les cérémonies et tous les leaders politiques et d’opinion doivent en faire de même pour servir d’exemple ». En ce qui concerne ces cérémonies familiales, force est aussi de constater que malgré les mesures d’interdiction qui ont été bien actées, l’impression est que les autorités laissent faire. En tout cas ces cérémonies s’organisent partout au vu et au su de tout le monde et personne ne lève le plus petit doigt.

Tout le contraire lors de la première vague, la police descendait jusque dans les maisons pour mettre un terme à des rassemblements familiaux. Peut-être, selon Hélène Tine, que les forces de l’ordre n’ont pas tous les moyens requis pour assurer cette tâche, mais la vérité est que chacun doit prendre ses responsabilités en terme d’observation des mesures de prévention, devant cette furie macabre de la pandémie. En tout état de cause, note l’ancienne parlementaire, il faut que la présence des autorités dans cette lutte soit beaucoup plus soutenue, car on ne les sent plus sur ce terrain. Décréter un état d’urgence sanitaire est une chose, mais mettre aussi des dispositions pratiques pour qu’il soit bien respecté en est une autre. C’est aujourd’hui inquiétant et ceux qui étaient animés d’un certain scepticisme par rapport à la maladie, sont en train de payer un lourd tribut et même de faire payer à leurs proches. Si l’on y prend garde, le pays risque de sombrer dans une tragédie sanitaire. D’ailleurs force est aussi de reconnaître que beaucoup de collectivités locales, qui s’étaient fort bien remarquées lors de la première vague, brillent par leur absence, au moment où la situation peut devenir incontrôlable.

Mbaye SAMB L’AS)