Le temps des incertitudes ( Par Ousseynou Kéita)

La fascination si ce n’est l’influence des doctrines pseudo scientifiques et  la volonté d’enracinement viscéral aux principes dogmatiques intangibles  qui  ont  longtemps gouverné le monde semblent subitement démagnétisés laissant place à une confusion et une désolation difficile à appréhender . La montée en puissance  de l’extrémisme de droite comme de gauche trouve sa source dans le dépérissement des valeurs fondatrices de ces courants politiques consacrés antagonistes et qui chancellent au contact de la fracture sociale ou de la récession économique aggravée par la résurgence par endroits et par moment de l’irrédentisme nationaliste porteur de germes conflictuels aux antipodes de l’ordre démocratique humanitaire social et économique pré établi.

La justice sociale et la prévalence de l’intérêt général credo des socialistes sur les préoccupations sectaires ou individualistes deviennent moins attractifs à cause des affres nés des difficultés économiques qui empêchent la création de richesses et anéantissent toute velléité de  redistribution vertigineuse et aggravent le calvaire des ménages qui ne savent plus où donner de la tête.Pendant ce temps le libéralisme politique qui se caractérise selon ses concepteurs et en concrétisation de ses différentes acceptions par la limitation plus ou moins drastique des actions de l’état notamment celles relatives à ses obligations politiques et sociales et l’application dans le domaine économique des principes fondateurs qui reposent sur le libre choix individuel se traduisant par là trilogie  liberté responsabilité propriété , est copieusement chahuté par ses partisans classiques au motif qu’ils ne se reconnaissent plus dans leur courant réduit en œuvre sociale caritative qui a fini selon eux d’ensevelir ou d’étouffer les énergies individuelles plutôt que de les libérer afin qu’elles concourent naturellement à la création et à l’accumulation de biens.

Cette désaffection des courants classiques traditionnels qui ont pendant longtemps encadré et garanti  l’exercice d’une démocratie apaisée à hauteur d’hommes empreinte de civilité disparaît simultanément avec la naissance et la croissance vertigineuse de mouvement anti social et anti libéral se manifestant par un extrémisme de mauvais aloi aux abords violents qui laisse pantois les plus grands politologues de l’heure.

La décrépitude conjoncturelle des partis de gauche n’est donc pas un signe de faiblesse ni une marque d’incompétence mais relève bien plutôt de l’air du temps caractérisé par un dépit généralisé grandissant exprimé par les militants des deux bords perdus dans un jeu politique rendu exténuant par une fracture sémantique inextricable qui rejette toute idée de dialogue de convergence ou de consensus, et de surcroît incapable d’infléchir l’exigence quasi irréalisable de résultats immédiats au plan économique et celle d’une prise en charge complète et subite des contingences sociales incommensurables rendues incompressibles par une jeunesse désœuvrée pressée qui déchire et piétine violemment sans sourciller le pacte social ayant jusqu’ici prévalu dans les relations intergénérationnelles de même que les principes de courtoisie et de respect qui ont toujours guidé les rapports entre les citoyens ou le peuple avec les pouvoirs publics et les institutions de la république.Ce mal vivre exacerbé dont les gouvernants seraient comptables conduit à des comportements désobligeants et fait cracher le feu par des mots volcans qui traduisent toute la haine et le mépris manifestant le ressenti grisant et amère.Mais la vérité et la réalité sont tout autre. 

L’intelligence politique du moment réside donc dans la capacité de discernement et la faculté de faire fi des doctrines et principes de mixer les approches méthodes et actes afin de tirer profit des points d’acquis de chaque camp pour la satisfaction des militants partisans ou sympathisants. Cela suppose une grande résilience une nette capacité d’écoute un courage certain et une habileté politique éprouvé . Mais c’est la Voie lactée pour apprivoiser cette crise sévère et voguer avec sérénité vers des lendemains meilleurs.

Ousseynou Keita