Les dix dates qui ont conduit Didier Deschamps au sommet du football français

Troisième homme à remporter la Coupe du monde en tant que joueur puis en tant qu’entraîneur, Didier Deschamps est devenu, en dix-sept ans de carrière sur le banc, le plus grand coach de l’histoire du football français.
11 juin 2001
Trois semaines après être resté scotché sur le banc lors de la finale de la Ligue des champions avec Valence face au Bayern (1-1, 4 t.a.b. à 5), Didier Deschamps met un terme à son immense carrière de joueur… et se lance immédiatement dans le coaching à la tête de l’AS Monaco. Dans FF, il exprime ainsi la philosophie qu’il souhaite mettre en place : «Un jeu où les joueurs prennent du plaisir. Mais je ne vais pas dire comme ça, d’entrée, que nous allons jouer de telle ou telle façon dès maintenant. Je peux juste rappeler que ce sont les joueurs qui font l’équipe et que leur principal plaisir, c’est de gagner.» Prémonitoire.
17 mai 2003
Moins de deux ans plus tard, et malgré quelques soubresauts lors de ses premiers mois en Principauté, Didier Deschamps remporte son premier trophée en tant qu’entraîneur. Un succès en Coupe de la Ligue (4-1 en finale face à Sochaux) en forme de promesse pour l’avenir avec une génération (Squillaci, Évra, Giuly, Rothen…) qui arrive à maturité, pratique un football de qualité et souhaite bousculer le champion lyonnais à terme.
7 avril 2004
Depuis que DD a brandi la Coupe aux grandes oreilles le 26 mai 1993 avec l’OM, aucun club français n’est parvenu à atteindre la finale de la C1. Ce sera chose faite avec l’AS Monaco au printemps 2004. Malgré la défaite en finale face à Porto (0-3), Deschamps et ses hommes ont conquis le public français en éliminant le Real Madrid des Galactiques ce 7 avril au Stade Louis-II. Battus 4-2 à l’aller, les Monégasques s’imposent 3-1 pour renverser Zidane, Ronaldo & co, avant de faire tomber un autre favori, Chelsea, en demi-finales (3-1, 2-2). Depuis, aucun club français ne s’est hissé aussi haut.
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19 mai 2007
Reléguée en Serie B après le scandale du Calciopoli et pénalisée de neuf points au départ de la saison. la Juventus remonte dès le printemps suivant, menée par Didier Deschamps. Le coach français a pris beaucoup de risques en reprenant en main une Vieille Dame à l’agonie. La réussite est totale, mais l’histoire d’amour s’arrête brutalement dans la foulée. En désaccord avec ses dirigeants sur certaines de ses prérogatives et sur la revalorisation de son contrat, Deschamps claque la porte à la surprise générale.
5 mai 2010
Dix-sept ans que Marseille attendait ça. À la recherche de son premier titre depuis 1993, l’OM regagne le sommet du football français un an après avoir nommé son ancien capitaine sur le banc. Technicien incarnant la gagne, Didier Deschamps fait passer la cité phocéenne dans la folie pure en assurant le titre de champion de France à deux journées de la fin. «Joueur et entraîneur, tu fais notre bonheur», peut-on alors lire dans les tribunes du Vélodrome. Avant son arrivée, l’OM post-Tapie n’avait soulevé qu’une Coupe Intertoto. Durant son passage sur la banc, un titre de champion, trois Coupes de la Ligue et deux Trophées des champions sont venus garnir l’armoire à trophées du club. Depuis son départ, au printemps 2012 ? Plus rien.
8 juillet 2012
Après une fin d’idylle nauséabonde avec l’OM, sur fond de guerre interne avec José Anigo et des tribunes désertées, Didier Deschamps voit (enfin) l’opportunité de devenir sélectionneur national se présenter à lui suite au départ de Laurent Blanc. Mais le Basque, usé et marqué par son expérience marseillaise, prend le temps de la réflexion, avant de se rendre à l’évidence : son destin l’attend. Et d’entrée, alors que le foot français reste marqué au fer rouge par Knysna, puis le comportement de certains joueurs à l’Euro 2012, Deschamps prévient : «Il y a deux aspects important au-delà de la qualité et du talent : la notion de groupe et l’état d’esprit. (…) aujourd’hui, par rapport à ce qu’il s’est passé depuis quelques années, les joueurs n’ont plus le droit à l’erreur. Ils ne peuvent pas se permettre le moindre écart.»
19 novembre 2013
L’aventure de DD à la tête des Bleus aurait pu tourner court. Battus 2-0 à Kiev lors des barrages aller pour la Coupe du monde 2014, ses Bleus parviennent à renverser brillamment l’Ukraine (3-0) pour s’ouvrir le chemin du Brésil. «J’ai connu de grands moments, mais là, oui, c’est quelque chose de fabuleux», admet le sélectionneur, qui a effectué quelques choix forts pour permettre ce succès fondateur. Eric Abidal et Samir Nasri font notamment les frais du rajeunissement opéré par leur coach. Parmi les onze héros du Stade de France, on retrouve quatre futurs champions du monde : Hugo Lloris, Raphaël Varane, Paul Pogba et Blaise Matuidi (Olivier Giroud, lui, est entré en jeu).
4 juillet 2014
L’apothéose mondiale va cependant mettre un peu de temps à se préciser. Après un premier tour bouclé sans encombres et un huitième de finale compliqué face au Nigeria (2-0), l’équipe de France tombe avec les honneurs face au futur champion allemand (0-1). Didier Deschamps regrette «le manque d’expérience» de ses hommes mais rappelle dès la fin du match : «Je suis très fier de ce qu’ont fait les joueurs, sur le terrain et en dehors. Il faudra maintenir cet état d’esprit et cette qualité mais là, je veux retenir tout le positif que j’ai pu voir depuis qu’on a mis les pieds au Brésil.» La réconciliation entre les Bleus et leur public est enclenchée.
10 juillet 2016
Seize ans après sa 103e et dernière sélection avec l’équipe de France, Didier Deschamps dispute une nouvelle finale d’un Championnat d’Europe. Cette fois, c’est à domicile, après un exploit en demi-finales face à l’Allemagne (2-0) et alors qu’il a perdu pour diverses raisons une bonne partie de sa colonne vertébrale dans les mois précédents la compétition (Varane, Sakho, Diarra, Valbuena, Benzema). Mais malgré une foule d’occasions franches, les Bleus s’inclinent après prolongation face au Portugal (0-1). Traumatisant. «Il faudra du temps pour digérer cette immense déception, lâche alors un sélectionneur très ému. On a gagné ensemble. On a souffert ensemble. On perd ensemble…»
15 juillet 2018
La consécration intervient finalement à Moscou, alors que rien ou presque ne prédestinait l’équipe de France à accrocher une deuxième étoile dès cet été 2018. À la tête du deuxième plus jeune effectif de la Coupe du monde, Didier Deschamps tâtonne avant la compétition et opère un changement gagnant après un premier match poussif contre l’Australie (2-1). Le talent, oui, mais uniquement au service d’un collectif solide et solidaire. Les choix tactiques sont bien sentis, de l’incorporation de Blaise Matuidi dans un rôle hybride à gauche à l’entrée déterminante de Steven Nzonzi en finale face à la Croatie (4-2), en passant par l’instauration d’un bloc resserré qui exploite à merveille les qualités de Paul Pogba, Antoine Griezmann et Kylian Mbappé en transitions. Le couronnement absolu, vingt ans après le sacre de 1998.
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