Quand La politique conduit à l’inversion des critères et au mélange des rôles. ( Par Ousseynou Kéita)

Les mutations et transformations sociétales ont toujours obéis à des initiatives collectives ou individuelles dans le but feint ou réel de servir la société ou la république . En vérité , l’objectif noble et méritoire avoué  avec emphase et fracas d’entrer en politique pour ce faire , n’est souvent qu’un bluff un subterfuge , un échafaudage conduisant à satisfaire l’aspiration d’un mieux vivre individuel qu’offriraient spontanément les prébendes de la politique , et que ne permet pas l’exercice honnête d’un métier classique, adapté à son cursus propre.

C’est ce qui explique cette frénésie saisissante et glaçante qui habite des hommes et des femmes mus pour la plupart par ce souci inconsidéré d’amasser des richesses à tue tête et a la vitesse de la lumière ainsi qu’ils pensent que  le peut la politique , occultant de  ce fait avec une légèreté déconcertante la lourde responsabilité qui s’y rattache. Mamadou Lamine Diallo un homme politique connu et un des leaders de l’opposition , n’affirmait il pas récemment et à juste titre pour répondre à une interpellation relative à la pléthore de candidats à l’élection présidentielle de février 2024 , que c’est parce qu’on est arrivé à la conviction affligeante et inquiétante , que la politique est devenue, contrairement à sa substance étymologique subitement et de façon peu honorable  le moyen le plus  sur et le plus rapide de s’enrichir sans limite et sans  coup férir. Ce souci à la fois étourdissant et enivrant , d’accéder vite et facilement à l’opulence , et de vivre comme le parvenu d’à coté , dans une villa somptueuse , et de se mouvoir en grosses cylindrées rotuliennes qui tapent dans l’œil et pète  les oreilles, justifie tous les excès toutes les déviations ainsi que les perversions et compromissions les plus inimaginables .


Cette situation aliénante et dangereuse est cependant insidieusement entretenue et volontairement favorisée par une gouvernance relâche à dessein , à la limite du laxisme , très souvent plus préoccupée par sa perpétuation qu’à la gestion vertueuse et efficace des affaires publiques.


Hier comme aujourd’hui la politique a permis d’accéder au pouvoir. Autrefois cependant les fonctions étatiques étaient attribuées en raison de la capacité technique à les assumer. Après seulement intervenaient les considérations politiques qui s’appréciaient à l’aune de la capacité de mobilisation et pouvaient alors conduire l’impétrant à être en position d’en assumer la charge. L’on se souvient encore des passes d’armes et joutes oratoires de grandes crues à l’assemblée nationale entre présidents de groupes parlementaires de très grandes valeurs intellectuelles. Mais aussi de la qualité des ministres et directeurs de services pour l’essentiel dont la compétence a souvent été avérée et rarement mis à défaut . L’exercice du pouvoir n’était pas et ne doit pas être perçu comme un moyen d’enrichissement facile et personnel . L’exhibition ostentatoire et insouciante des biens matériels et financiers même lorsque ceux-ci sont bien acquis était rédhibitoire et inimaginable . En somme les critères d’attribution des fonctions tenaient pour beaucoup aux aptitudes et à la morale .

D’où la prépondérance et la prééminence de l’enquête de moralité érigée en règles intangibles préalables à la recevabilité et à la validité de tout acte de nomination. On ne croisait pas non plus à tout venant un président de conseil d’administration incapable de lire un bilan ou un ministre s’empêtrant dans la hiérarchie des normes. À cette époque là dans le choix des hommes  les critères objectifs prévalaient sur les critères politiques. La capacité de mobilisation et la popularité n’étaient pas déterminantes dans la dévolution des responsabilités même s’ils pouvaient compter double en démocratie. La politique est peut être le sésame du pouvoir mais celui ci s’exerce conséquemment par la compétence , ce terme générique qui renferme les qualités idoines nécessaires à son exercice à savoir l’expertise le sens républicain et des responsabilités entre autres.

Ousseynou Keita
Secrétaire général de l’union communale de Thiès