Notre pays est dans une situation difficile, c’est une tautologie. Les initiés décodent parfaitement qu’en dépit des messages flatteurs et encourageants qui sont distillés ça et là, avec emphase et récurrence , par des influenceurs attitrés et des propagandistes zélés , les indicateurs de croissance quant à eux, restent têtus et dégagent très clairement des signaux inquiétants et troublants. Et le désamour conjoncturel intervenu avec les institutions de Breton Woods n’est pas fait pour arranger les choses. L’opposition interloquée, s’organise fébrilement du mieux qu’il peut, le pouvoir se défend par ses moyens traditionnels; rien de surprenant à cela.
Dans cette atmosphère politique délétère , la principale formation de ce pays ,l’acteur politique grandissime , le parti de Senghor de Mamadou Dia et de Lamine Guèye, ces dinosaures de la politique sénégalaise et africaine, et les autres Abdou Diouf, Ousmane Tanor Dieng etc…, le Parti socialiste en l’occurrence, est dangereusement à la traîne, abasourdi surpris et tétanisé. Il tergiverse, semble encore se chercher, s’embourbe dans un laxisme et un immobilisme effrayants et se perd en conjectures, en même temps qu’il perd ses fonctions cognitives.
Il se susurre même que les difficultés sus – évoqués et d’autres inclineraient à organiser un prétendu dialogue national. L’annonce solennellement qui en a été faite perd toute sa pertinence et tout son crédit, à travers une requête aux populations qui en a suivi, pour exercer une pression sur l’institution Judiciaire, afin d’accélérer la cadence jugée trop lente ou trop molle dans le traitement des affaires, mettant à rude épreuve le principe de la séparation des pouvoirs.
Les balafres et agressions par ailleurs infligés à la liberté d’expression et à l’état de droit, achèvent de convaincre sur la nécessité pour notre parti de s’inscrire résolument dans l’opposition et de décliner toute offre de collaboration voire de coalition avec le pouvoir . Cette posture de collabos a déjà causé suffisamment de dégâts. Il faut à présent assumer sans appréhension le statut d’opposants. La renaissance passe par là. Elle prendra du temps. Elle sera même difficile à réaliser. Mais comme disait l’autre, le difficile est le chemin.
Et la jeunesse doit s’y préparer. La simple réciprocité oblige à s’opposer. Le bon sens enjoint à balayer d’abord devant sa porte, avant de songer à mettre de l’ordre devant celle d’autrui. De toute façon la posture de collabo ne sied pas . Il est impérieux de mettre un terme à cet immobilisme choquant, qui plonge chaque jour davantage dans le doute et éloigne de toutes perspectives de reviviscence .
Les anciens ont le devoir, la responsabilité et l’obligation de tout entreprendre, pour arrêter cette spirale létale . Il faut oublier les égos et les considérations bassement matérielles. Songer au parti seulement, à l’héritage qu’il faut transmettre aux jeunes aussi.
Éviter ainsi de sacrifier les jeunes sur l’autel de l’égoïsme, en affaiblissant le parti avant qu’ils n’en prennent possession. Ce serait alors trahir l’idéal socialiste, trahir les pères fondateurs et trahir le Sénégal.
Ce mutisme coupable inexplicable, après tout ce qui a été dit et fait, relève à n’en pas douter de l’irresponsabilité. Pendant ce temps le parti se désagrège dangereusement et inéluctablement. Ceux qui y contribuent d’une manière ou d’une autre, directement ou indirectement, ceux qui gardent le silence alors que leurs voix pourraient porter, doivent savoir que le temps est le seul juge, et c’est un juge implacable. Il finit toujours par rendre son verdict , en indiquant ceux qui ont défendu la bonne cause et en indexant les autres. Dans le narratif du parti figurera pour l’éternité, en page sombre, cet intermède regrettable.
Ousseynou Keita